Le PAGNE MANJAK (Seurou Rabbal)
Selon la légende, son origine remonterait à un passé lointain. Tout aurait commencé suite à la signature d’un pacte. Un esprit aurait initié le secret du tissage à un homme du village de Kalëkis (ou Calequisse en français), région de Cacheu situé au nord de la Guinée Bissau. Celui-ci partagea ensuite son savoir faire avec ses pairs.
Aujourd’hui encore, bien qu’influencés par les portugais, avec l’ajout de lisses supplémentaires et l’adoption des évolutions techniques de l’Europe sur l’ornementation et l’assistance d’un tireur de lacs, les tisserands perpétuent toujours ce métier avec ce savoir faire traditionnel. Le tissage manuel du pagne se réalise ainsi à l’horizontal et se fait sur un terrain spacieux. Il faut au tisserand une distance de 10 à 20 mètres pour aménager son plan de travail. Cet exercice de tissage est exclusivement réservé aux hommes, mais les finitions sont souvent du ressort des femmes.
Réalisé entièrement à la main par des maîtres tisserands, sa fabrication nécessite patience, minutie et force physique. Généralement, ce savoir-faire exigeant se transmet de père en fils. Les artisans utilisent des métiers à tisser à bras horizontaux, longs de plusieurs mètres. La largeur de tissage est de 80 cm en général, mais peut varier entre 20, 40 et 100 cm, selon la demande. Petit à petit, fil de coton après fil de coton, les motifs du pagne tissé se dévoilent délicatement. Les motifs peuvent être d'ordre religieux, politiques, sociétaux, familiaux, etc. Les meilleurs artisans tissent entre 3 et 5 mètres de pagne tissé par jour. L'étoffe ainsi réalisée est à la fois lourde et souple, avec des motifs élégants et des couleurs souvent chatoyantes.
Aujourd'hui, la production du pagne tissé se fait essentiellement en Guinée Bissau, en Gambie, au Sénégal (de la Casamance, à Saint-Louis, en passant par Dakar) et au Cap Vert. Les manjacks sont présents dans ces différents pays de l'Afrique de l'Ouest.
Le pagne tissé manjak est un tissu traditionnel d'Afrique de l'Ouest, réputé pour sa qualité et sa beauté. A l'origine, cette étoffe de prestige était réservé aux rites funéraires et aux autres cérémonies importantes (naissance, baptême, dot, mariage...). Puis son utilisation s'est vulgarisée. Aujourd'hui, beaucoup d'artistes, de décorateurs ou de professionnels de la mode s'en servent pour réaliser leurs oeuvres, objets d'ameublement, vêtements ou accessoires. Au Sénégal, la styliste Adama Paris ou la designer textile Aïssa Dione l'utilisent régulièrement dans leurs collections.